Dans un billet de blog Facebook a dévoilé, la semaine dernière, le projet. L'une des filiales de Facebook, Calibra, devrait gérer le réseau Libra, qui comprendra l'infrastructure de la blockchain nécessaire pour faciliter l'échange de la crypto-monnaie Libra.

Calibra va mettre en place un portefeuille numérique pour Libra et le système de stockage sera intégré avec Messenger et WhatsApp.

Une application iOS et Android autonome potentiellement utilisable avec des fournisseurs tiers et des plateformes de commerce électronique est également prévue.

Libra : une avancée de Facebook dans l'espace du paiement mobile.

L'entreprise affirme que la crypto-monnaie sera négociable avec « presque n'importe qui équipé d'un smartphone ».

Un projet qui nécessitera des partenariats avec une  plusieurs organisations prêtes à accepter la crypto-monnaie au lieu de la monnaie fiduciaire traditionnelle.

Facebook tient à souligner que les portefeuilles utilisés pour stocker le Libra auront les mêmes processus de vérification et de lutte contre la fraude que les banques et les cartes de crédit : « nous aurons des systèmes automatisés qui surveilleront de manière proactive les activités pour détecter et prévenir les comportements frauduleux ».

Facebook prétend que « les informations sur les comptes et les données financières des clients de Calibra ne seront pas utilisées pour améliorer le ciblage publicitaire sur la famille de produits Facebook » et que les informations ne seront partagées que dans des cas limités pour «refléter notre besoin de protéger les personnes, de respecter la loi et de fournir les fonctionnalités de base aux personnes qui utilisent Calibra ».

S'agissant du projet Calibra, compte tenu des antécédents de Facebook autour de scandales liés à la protection de la vie privée et de mauvaise gestion des données des clients, il n'est pas surprenant que Facebook veuille prendre ses distances par rapport à la mauvaise utilisation des données.

Il semblerait que Calibra serait destiné à être l'épine dorsale d'un nouvel écosystème financier, plutôt qu'un challenger des crypto-monnaies déjà implantées, comme Bitcoin ou Ethereum.

Il est peu probable que le Libra empiète sur d'autres crypto-monnaies connues, étant donné le soutien de ce projet par les organisations financières traditionnelles. Il donc sera intéressant de voir si le Libra est adopté largement ou rejetée par les individus déjà suffisamment satisfaits des systèmes actuels de paiement mobile et des autres offres de crypto-monnaie.

Libra, nouvelle arme de Facebook pour renforcer sa domination sur le Net ?

L'Association Libra, à but non lucratif, a été crée avec 27 partenaires, dont Visa, Mastercard et PayPal, mais aussi Uber et Spotify, pour proposer, courant 2020, cette nouvelle monnaie digitale qui s'appuie sur la technologie Blockchain.

Dans le sillage du géant chinois WeChat, qui intègre une fonction de paiement en ligne depuis des années, Facebook se lance ainsi dans la monnaie digitale afin d'étendre son écosystème de services pour collecter toujours plus de données personnelles et améliorer ses recettes publicitaires.

Les intérêts pour le groupe américain sont multiples : tout d’abord  la collecte et l'exploitation de données, le cœur de son modèle économique.

La publicité ciblée, réalisée grâce à l'analyse de données personnelles, a en effet généré plus de 95% du chiffre d'affaires de Facebook en 2018.

Le cœur du business model de Facebook repose sur la collecte et la monétisation des données personnelles de ses utilisateurs.

Ø Les données financières, qui permettront d'affiner encore davantage le profil des utilisateurs pour proposer des publicités ciblées, valorisées auprès des annonceurs.

Facebook dit avoir créé Calibra pour garantir la séparation des données sociales et financières.

Mais en fait, Calibra va ouvrir grand la porte au partage de données, avec (bien sûr ?) l'autorisation préalable des utilisateurs.

Selon Facebook : « Nos clients peuvent par exemple choisir d'importer leur liste d'amis Facebook dans Calibra pour faciliter les envois d'argent »

Comme l'intérêt de Libra réside aussi dans la possibilité d'échanger de l'argent avec ses contacts Facebook, Messenger et WhatsApp, le partage de données entre la firme et sa filiale indépendante pourraient être chose courante !

Ainsi, Cambridge Analytica, entre autres, a montré que l'entreprise est loin d'être irréprochable en matière de respect de la vie privée et de protection des données.

Facebook va déployer rapidement Libra à son écosystème, en l'intégrant à ses applications WhatsApp et Messenger.

Si une transaction Libra est réalisée sur Messenger, les données financières ne seront pas communiquées mais les interactions seront récoltées par les canaux de Facebook.

Un écosystème toujours plus complet

Faciliter l'intégration des paiements, c'est aussi pour Facebook le moyen de développer du e-commerce directement sur sa plateforme, en permettant de passer des commandes en quelques clics, notamment sur Messenger.

Avoir une solution de paiement permet à Facebook de s'assurer que l'utilisateur reste le plus longtemps possible dans son écosystème, ce qui est la stratégie de tous les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon).

Aujourd'hui il y a de plus en plus de convergence et tous se diversifient : Apple développe des relais de croissance dans les services (streaming audio et vidéo, santé...), Google et Amazon investissent le cloud, la maison intelligente et bien d'autres secteurs...

En fait, Facebook s'inspire du géant chinois WeChat, une application qui permet de communiquer, de commander un taxi ou de réaliser des paiements lors des séances de shopping.

Cette concentration de services illustre l'évolution d'Internet et les positions monopolistiques acquises par les Gafa.

En cas de succès, Facebook ne cache pas ses ambitions de proposer  des services financiers supplémentaires aux particuliers et aux entreprises.

Le véritable enjeu pour Facebook sera de faire accepter Libra par des plateformes d'e-commerce, comme Rakuten ou Cdiscount, l'étape suivante étant de s'attaquer au créneau du commerce physique, qui pourrait être équipé de terminaux dédiés.