Prenant conscience de son retard dans un domaine stratégique pour sa recherche et ses industries, trois consortiums de pays européens se sont constitués pour accueillir les deux calculateurs pre-Exascale qui seront cofinancés par l’Europe.

Si le processus n’est pas encore engagé pour les calculateurs exaflopiques (1) la France et l’Allemagne semblent potentiellement les mieux placés pour réunir les fonds.

Ø Trois consortiums de pays européens se sont formés pour accueillir les deux calculateurs pre-Exascale qui seront cofinancés par l’Europe.

A l’heure du digital, ce qui permetde jauger les capacités d’une économie, ce sont les supercalculateurs.

Ainsi, la Chine s’est donnée comme objectif d’être la première nation à faire entrer en production un supercalculateur de classe Exascale, c’est-à-dire passer la barre du milliard de milliards de calculs par seconde. C’est un embargo de Washington sur les Xeon E5 devant équiper les supercalculateurs chinois qui a poussé Pékin à lancer en 2014 un plan d’investissement de 150 milliards de dollars sur dix ans pour être capable de maîtriser la conception et la fabrication de microprocesseurs.  

Le pays veut atteindre cet objectif dès 2020 sachant que le rival américain vise une entrée en service d’Aurora et de Frontier en 2021.

Le premier, conçu par Cray Computer et Intel devrait franchir la barre de l’exaflops tandis que le second, basé sur des microprocesseurs AMD, pourrait atteindre 1,5 exaflops.

Les Japonais de Fujitsu travaillent depuis 2018 sur le prototype de post-K, le successeur exaflopique de K, ancien fleuron du calcul japonais, à la tête du classement mondial à sa mise en production en 2011 mais qui n’est aujourd’hui plus que 18e. Il doit disparaître alors que le nouveau ne devrait entrer en production qu’en 2021.

La feuille de route du processeur européen EPI (European Processeur Initiative) devrait voir une première génération de composants apparaître dans le courant de 2019 puis la génération qui équipera le supercalculateur exaflopique made in Europe en 2023.

L’Europe est partie en retard dans la course à l’Exaflop

L’Europe semblait voire en perte de vitesse avec seulement cinq machines dans le Top 20 mondial et l’Union Européenne veut replacer le Vieux Contient dans la course, en cofinançant de nouvelles infrastructures mais aussi en cherchant à reconstruire une « supply chain » européenne des supercalculateurs.

Atos (ex-Bull) est l’un des rares industriels européens à pouvoir construire des supercalculateurs ; mais son partenariat avec Intel apparaît aujourd’hui comme un obstacle pour retrouver une souveraineté européenne.

Le projet EPI (European Processor Initiative).

Avec son projet EPI (European Processor Initiative), l’Europe a alloué un budget de 120 millions d’euros pour concevoir un microprocesseur et un accélérateur de calcul européen.

Ce projet devrait connaître une accélération significative en 2020 ,avec une puce basée sur un design ARM et une autre basée sur le design open source RISC-V, avec une fusion de ces architectures attendue au-delà de 2024.

En outre, EPI va décliner son processeur pour le secteur automobile, afin de pérenniser et rentabiliser l’investissement.

Ø En termes d’infrastructure, le plan élaboré à Bruxelles passe par la construction de plusieurs machines Petascale, de deux supercalculateurs pre-Exascale (quelques centaines de peta-flops) en 2020 et de deux machines Exascale pour 2022/2023.

L’Europe finance 50 % de la construction et de l’exploitation de ces machines pour un budget total actuellement de 500 millions d’euros.

La France et l’Allemagne devraient être candidates pour accueillir les machines Exascale, mais des consortiums se sont mis en place dans toute l’Europe afin d’héberger les deux machines pre-Exascale.

La date prévue de mise en production des systèmes pre-Exascale en Europe est le début de l’année 2021 puis en 2023 pour les machines Exascale.

 Ces machines vont représenter une augmentation du nombre d’heures de calcul extrêmement important pour les scientifiques des pays qui vont cofinancer le supercalculateur avec l’Europe.

L’Allemagne, qui dispose déjà de plusieurs supercalculateurs, sera probablement candidate.

Le Genci (Grand équipement national de calcul intensif) devrait être le candidat français pour héberger la seconde machine Exascale européenne.

Le Genci, qui héberge déjà les supercalculateurs du Très Grand Centre de Calcul du CEA, de l’IDRISS/CNRS et du CINES (Centre informatique national de l’enseignement supérieur), est le candidat naturel pour accueillir le premier calculateur exaflopique en France. Reste encore à rassembler les budgets nécessaires à la construction et l’exploitation de la machine car, même si l’Europe prend en charge 50 % du montant, il s’agit d’un investissement de plusieurs centaines de millions d’euros.

(1)           Le nombre d'opérations en virgule flottante par seconde (en anglais : floating-point operations per second ou FLOPS) est une unité de mesure de la performance d'un système informatique.

Le Flop est l’unité de mesure en informatique,  représentant un  milliard d'opérations en virgule flottante par seconde

Unité de performance des processeurs En FLOPS

yottaFLOPS    10 puissance 24

zettaFLOPS    10 puissance 21

exaFLOPS      10 puissance 18

pétaFLOPS     10 puissance 15

téraFLOPS     10 puissance 12

gigaFLOPS     10 puissance 9

mégaFLOPS   10 puissance 6

kiloFLOPS      10 puissance 3