Lancée en mars 2017 avec un groupe de sept pays, l'initiative EuroHPC  (1) visant à mutualiser la stratégie européenne  concernant les supercalculateurs prend de l'ampleur. Après six autres États de plus, le programme vient d'être rallié par une quatorzième nation.

L’annonce avait  été faite mi-janvier (1) : pour rester dans la course des superordinateurs, les pays membres de l’Union européenne ont décidé de travailler de concert pour rivaliser avec les ténors du secteur : la Chine, les États-Unis et le Japon.

Aussi a-t-il été acté, dans le cadre de l’initiative EuroHPC (pour  « High Performance Computing »), de développer des supercalculateurs de « classe mondiale ».

« Une infrastructure partagée et l’utilisation commune des capacités existantes profiteraient à tous, grandes entreprises, PME, chercheurs, secteur public et plus particulièrement les États membres qui ne disposent pas d’infrastructures HPC nationales autonomes », souligne la Commission.

Dans ce cadre, EuroHPC va bénéficier d’un budget d’environ un milliard d’euros : une enveloppe de 486 millions d’euros sera dégagée sur les fonds de l’Union tandis que les États membres fourniront  ensemble le même montant.

Il est aussi prévu de laisser une place aux entités privées, mais leur contribution se fera en nature. L’initiative doit se poursuivre jusqu’en 2026.

L’initiative a  justement, séduit les « petits » pays européens qui n’ont pas forcément les moyens de disposer d’un supercalculateur ou, au mieux, un seul, voire deux.

Depuis le lancement de l’initiative le 23 mars 2017 avec un premier groupe de sept pays (Allemagne, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Portugal), plusieurs autres ont rallié le mouvement.

C’est le cas de la Belgique, de la Slovénie, de la Bulgarie, de la Grèce et la Croatie.

On compte même un pays hors de l’Union européenne : la Suisse.

Et en fin de semaine dernière, ce fut  au tour de la République tchèque d’annoncer son engagement en faveur d’EuroHPC, ce qui a particulièrement ravi Mariya Gabriel, la Commissaire européenne en charge de la politique numérique.

L’intéressée s’était,  en effet, inquiétée, dans une tribune publiée sur le site Maddyness, de voir l’Europe « en train de perdre sa place dans le peloton de tête pour les capacités des infrastructures de calcul à haute performance, la Chine, les États-Unis et le Japon l’ayant devancée ».

ð Le classement du Top 500 des supercalculateurs les plus performants au monde  (2) est un bon indicateur en la matière :

Dans sa dernière version, le classement fait apparaître 84 machines pour l’Europe  mais le Japon en a 35.

Pour Mariya Gabriel : « sans installations de calcul à haute performance d’envergure mondiale, l’Europe ne pourra pas réaliser son ambition de devenir une économie des données dynamique », en se référant  à des applications dans des secteurs aussi varié que la santé, la sécurité routière, les sources d’énergie renouvelables, l’ingénierie et la cybersécurité.

C’est aussi un enjeu stratégique :

L’Europe « ne peut pas non plus prendre le risque de voir les données produites par la recherche et l’industrie européenne être traitées ailleurs en raison du manque de capacités de calcul à haute performance », avertit la Commissaire, notamment aux États-Unis ou en Chine par exemple, là où le rapport aux données et les règles fixant leur usage ne sont pas les mêmes que sur notre Vieux Continent.

(1)           Voir :

(2)           Voir :