
Les révélations Wikileaks, via Médiapart et Libération : Les services d'espionnage des Etats-Unis ont espionné la France, jusqu'à mettre sur écoute téléphonique les trois derniers présidents français.
Depuis que l'on sait que la chancelière allemande Angela Merkel ou la présidente brésilienne Dilma Rousseff ont elles aussi été mises sur écoute, cette information a perdu un peu de son piquant. « Secret de polichinelle »? De quoi irriter quand même !
Mardi soir Wikileaks a révélé qu'au moins trois présidents français, successivement Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ont été mis sur écoute par la NSA.
Plusieurs lignes téléphoniques, dont le numéro de téléphone mobile du président, ont été écoutées.
Les révélations ont été diffusées en partenariat avec Mediapart et Libération.
Leurs deux articles sont co-signés par Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, qui met en ligne une page spéciale.
Un début de révélations croustillantes : Si pour le moment ces deux documents fournissent peu de détails (quelques extraits de comptes-rendus de conversations politiques et une liste de cibles mises sur écoute), Wikileaks prévient que « ce n'est qu'un début ».
Le site de Julian Assange commence la publication de « Espionnage à l'Élysée », « une collection de documents techniques et de rapports classés « TOP SECRET » de l'agence nationale de sécurité américaine, la NSA », écrit Wikileaks.
« Ces documents portent sur les moyens de surveillance et le renseignement sur les communications de personnes haut-placées dans le gouvernement français, qui s'étale sur une dizaine d'années ».
Dans cette compilation de documents top-secrets, la part belle est faite aux résumés par les services secrets de conversations entre des membres du gouvernement français, « sur des sujets critiques pour la France et la communauté internationale ».
Selon les articles : «On y retrouve la crise financière mondiale, la crise de la dette grecque, la gestion politique et le futur de l'Union Européenne, les relations entre le gouvernement de François Hollande et celui d'Angela Merkel, les efforts des français pour influencer la liste des dirigeants de l'ONU, l'implication française dans le conflit en Palestine, et le différend entre les gouvernements français et américains sur l'espionnage des USA en France ».
Quelles méthodes ? Des antennes satellites allemandes ?
Rien n'est dit, à ce stade, sur les méthodes employées par les Etats-Unis pour espionner, visiblement facilement, tous les numéros de téléphone qu'ils souhaitent, et ce, jusqu'à la ligne directe présidentielle.
Mediapart remarque toutefois que, dans une note sur François Hollande, « figure une petite mention supplémentaire, qui est tout sauf anodine, à savoir : « Foreign Satellite ».
« Cela signifie que l’interception téléphonique a été opérée par du matériel non américain. Tous les regards se portent aujourd’hui, sans qu’il soit possible d’en avoir la certitude absolue, vers des antennes satellites allemandes ».
Les conséquences des révélations :
Ce mercredi devant l’Assemblée nationale, le premier ministre Manuel Valls a pris la parole pour adresser « un message ferme ». Il a d’abord indiqué, comme François Hollande à l’issue d’un conseil de défense extraordinaire, que ces écoutes étaient « inacceptables ».
Et ce d’autant plus que les Etats Unis avaient, après avoir été éclaboussés par les révélations des écoutes de la chancelière Angela Merkel, annoncé vouloir « rationaliser leurs services de renseignement ».
Devant les députés, Emmanuel Valls a annoncé un entretien entre François Hollande et le président américain Barack Obama.
Il a indiqué que le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius avait convoqué l’ambassadeur des Etats Unis en France.
« Notre pays doit veiller en permanence à son indépendance nationale » a souligné Manuel Valls.
Le chef du gouvernement a, par ailleurs, évoqué la sécurité des transmissions, notamment militaires, et les activités de renseignement.
Avec la NSA, agence de renseignement électromagnétique (1), les Etats Unis disposent d’un important centre de recueil et de traitement des ondes électromagnétiques.
Les pouvoirs de la NSA ont été considérablement renforcés depuis les attentats du 11 septembre 2001. Et ses capteurs démultipliés tout comme le nombre de ses agents et ses crédits. Cette puissante agence aux ramifications nombreuses avait déjà été accusée d’avoir espionné plusieurs hauts responsables européens, dont la chancelière d’Allemagne, Angela Merkel.
Quels moyens pour se protéger des écoutes téléphoniques ?
Il existe des moyens, certes pas toujours pratiques, capables, théoriquement, de se protéger des espionnages téléphoniques.
Depuis le dernier scandale des écoutes de la NSA, on se rend compte que la sécurité des communications est insuffisante mais on peut aussi blâmer la légèreté et la naïveté de nos dirigeants.
En effet pour y remédier, il existe des téléphones ultra sécurisés dont certains « Made in France », comme le Teorem de Thalès, qui a été spécifiquement créé pour équiper les chefs d’État et les militaires de haut rang.
On voit également apparaître depuis peu des smartphones capables de s’autodétruire en cas de vol d’informations.
Le Boeing Black est un téléphone parfaitement scellé : si un intrus tente de l’ouvrir, toutes les données s’effacent en un clin d’œil et le « voleur » se retrouve avec une coquille vide.
Quant aux téléphones cryptés, trop peu utilisés, l’ancienne Ministre des Armées, Madame Michèle Alliot Marie vient d’indiquer: «Même sur les téléphones cryptés, les Etats-Unis sont susceptibles d'intervenir ».
Méfions-nous, donc, plutôt, de nos meilleurs « amis » (1) !
(1) Voir notamment:
