En embarquant une carte SIM multi-opérateurs dans ses iPad, Apple sème le trouble sur le marché télécoms et les fabricants de puce comme Gemalto (1).

Jean-Pierre Hourdeau

News

le 27/10/2014 à 23h10

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En annonçant que l'iPad Air 2 pourra embarquer une carte SIM permettant de supporter de multiples opérateurs télécoms, Apple a aussi fait chuter en Bourse le fabricant leader de puces, Gemalto, la semaine dernière.

Si l'IPad Air 2 et Mini 3 sont loin de révolutionner l'univers des terminaux mobiles, une annonce a toutefois fait s’agiter le monde des télécoms :

Pour la première fois en effet, Apple a indiqué qu'il comptait proposer pour les acheteurs de sa dernière tablette iPad Air 2, la possibilité qu'elle soit équipée d'une carte SIM capable de supporter plusieurs réseaux d'opérateurs télécoms.

A ce jour, cette initiative, qui s’applique pour le moment aux USA et la Grande Bretagne, est soutenue par AT&T, Sprint ainsi que T-Mobile sachant que d'autres opérateurs devraient suivre.

En proposant sa propre carte SIM, Apple joue la carte d'une rupture très nette par rapport à ce que la firme avait habitué jusqu'à présent le marché.

Un grave coup porté également aux fabricants de puce :

Cela assène un coup très dur pour de nombreux fabricants de puces et en particulier Gemalto qui a directement souffert de cette annonce.

Ainsi, vendredi, l'action Gemalto perdait près de 9,5% à la bourse de Paris.

Pour le moment, Apple a indiqué que le support multi-opérateurs de sa carte SIM pour iPad Air 2 et Mini 3 serait possible aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne sans mentionner la disponibilité prochaine  de cette option à d'autres pays.

Selon plusieurs courtiers, l’innovation d’Apple menace la plus grosse division, en termes d’activité et de résultat, du spécialiste des cartes à puce, Gemalto, star des marchés entre 2010 et fin 2013.

Le titre du fabricant des cartes à puce a ainsi déjà perdu 32% depuis le début de l’année, et 23,9% depuis un mois.

Et pour cause, la nouvelle génération de tablettes de l’américain utilisera un système d’identification logiciel logé fourni par d’autres acteurs que Gemalto.

Apple se fournit chez le hollandais NXP (ex-Philips Semi conductor), tandis que Samsung Electronics utilise les produits d’Oberthur.

Cette solution constitue une nette menace pour le modèle économique de Gemalto, puisque le groupe ne gagne que 18 centime d’euro pour une solution d’identification logicielle contre 1,20 euro pour une solution physique (carte à puce incluant une solution de paiement sans contact ou NFC).

Gemalto ne perd toutefois pas sur toute la ligne, soulignent certains analystes : il est en effet leader mondial avec 80% de parts de marché sur les plates-formes de gestion des droits d’accès aux réseaux des opérateurs.

Mais le problème, aujourd’hui circonscrit à un produit, l’iPad, non subventionné par les opérateurs, pourrait aussi s’étendre à d’autres opérateurs dans le monde et sur d’autres produits qui n’utilisent pas les solutions Gemalto.

(1)             Gemalto est une entreprise internationale spécialisée dans le secteur de la sécurité numérique. Son chiffre d'affaires en 2012 s'élevait à 2,236 milliards d'euros, et 2.4 milliards en 2013. De droit néerlandais, elle est issue de la fusion en 2006 de Gemplus international, société luxembourgeoise, avec Axalto, société néerlandaise. Elle est un acteur important de la sécurité numérique, considérée même par certains observateurs comme leader.

Elle développe des logiciels, des produits et des services sécurisés qui sont utilisés dans les télécommunications, les services financiers, l’identification, la sécurité des lieux et des individus, la santé, le transport et la communication « Machine to Machine » (M2M).

Son siège social est situé à Amsterdam. Elle dispose de filiales dans 43 pays et emploie plus de 10 000 salariés travaillant dans 74 bureaux, 15 sites de production et 14 centres de Recherche et Développement.