Face aux révélations d’ « espionnage » de la NSA , avec la collaboration plus ou moins active des géants US du numérique, des exigences gouvernementales de protection des données personnelles en Europe et un avertissement des européens aux autorités américaines.

Par ailleurs, la méfiance des entreprises  européennes vis-à-vis des solutions proposées par les géants américains jugées trop peu protectrices. Des enjeux commerciaux considérables.

Alors que la ministre allemande de la justice a déclaré  ce lundi 5 août lors de la signature d'une déclaration commune avec la garde des sceaux française Christiane Taubira : "Les entreprises américaines qui ne se soumettent pas (aux) standards (européens) ne devraient pas pouvoir faire des affaires sur le marché européen", les autorités européennes se manifestent  de plus en plus fermement pour une meilleure protection des données personnelles.

La ministre allemande a par ailleurs souligné :"Nous avons besoin, au niveau européen, d'un ensemble de mesures contre l'espionnage de masse".

Cela s’inscrit dans le cadre  d’un nouveau règlement européen  sur la  protection de la vie privée.

Certes les acteurs américains jurent  respecter les textes européens sur la vie privée, mais, dans le même temps, ils souhaitent avant tout  éviter à tout prix que les autorités européennes ne se dirigent vers un renforcement de la protection de la vie privée souhaitée par nos instances. Les mesures envisagées imposeraient en effet  notamment une meilleure information du public ou un contrôle bien plus strict des bases de données géantes des géants d'Internet.

Depuis plusieurs mois, les autorités américaines et plusieurs entreprises américaines  mènent de fortes actions de lobbying sur les parlementaires européens pour que le nouveau règlement européen soit reporté ou considérablement  allégé.

Les déclarations de la ministre allemande de la justice visent donc directement ces actions défensives qui concernent au plus haut point le traitement de masses de données, incluant un volet important de données  personnelles.

Dans le même temps, l'externalisation des données et de certaines applications informatiques dans le « Cloud, bénéficierait de moins en moins de la confiance des entreprises.

En effet,les révélations sur les programmes de renseignement de la NSA inquiètent les entreprises plus que les simples citoyens ; ainsi certaines d’entre elles commencent à se détourner des solutions « Cloud computing »  des géants américains comme  Amazon, Google et Microsoft.

Cela pourrait profiter  aux deux acteurs  nationaux du "Cloud souverain",  à savoir deux projets menés par Orange et SFR, financés par l'Etat à hauteur de 150 millions d'euros, dont le but clairement affiché est d'apporter une sécurité juridique aux données des organisations.

Un rapport de l’ITIF, la Fondation (USA) pour les technologies de l'information et l'innovation (Information Technology & Innovation Foundation), publié lundi, explique que "les révélations sur la surveillance électronique de la NSA peuvent altérer fondamentalement les dynamiques du marché" pour les entreprises américaines, notamment en Europe, où la concurrence est très forte.

Il est estimé que, d'ici  2016, les entreprises américaines du "Cloud" pourraient perdre 10 à 20 % du marché mondial (hors Etats-Unis) au profit d'entreprises étrangères. Soit un coût de l’ordre de 22 à 35 milliards de dollars ) pour ce segment de l’économie  américaine.

Selon un sondage mené en juin et en juillet 10 % des entreprises étrangères auraient déjà annulé un projet "Cloud". A suivre…