Les opérateurs télécoms français SFR (2ème opérateur français) et Bouygues Telecom (3ème) annoncent le début de négociations visant à partager une partie de leurs réseaux mobiles.

Les objectifs des deux opérateurs (1): faire des économies et améliorer leur couverture 4G. Les équipements 4G et certaines infrastructures 3G et 2G devraient être mis en commun.

Hier soir, SFR et Bouygues Telecom ont annoncé le début de négociations exclusives pour partager leurs infrastructures mobiles.

Il s’agit d’une première en France. En Europe, ce type d'alliance est courant avec des mises en commun de certains équipements mobiles comme Vodafone et Telefonica en Grande-Bretagne, Vodafone et Orange en Espagne, Orange et T-Mobile en Pologne notamment.

Le premier objectif est de réaliser des économies :

On estime que la mise en commun permet de réduire les coûts de maintenance de 30 % et les investissements de près de 20 %.

Cela est d’autant plus appréciable en période de construction de réseaux mobiles 4G.

Deuxième raison :

L'arrivée de Free avec ses offres à prix cassés a écrasé les marges de ses concurrents :

Ainsi Bouygues Telecom a enregistré des pertes l'an dernier et, face à cette situation, tous les opérateurs mobiles sont à la recherche d'économies.

« Grâce à l'accord d'itinérance signé entre Orange et Free, le quatrième opérateur a bénéficié d'entrée de jeu de la couverture de l'opérateur historique » indique –t-on chez Bouygues Telecom. « Pour rivaliser avec ce nouvel ensemble et rattraper la couverture d'Orange, nous devons donc investir lourdement. Il nous est vite apparu que nous devions partager les coûts », indique-t-on.

Les objectifs affichés et le cadre de la négociation :

Selon le communiqué commun les objectifs sont clairs : « Relever le défi que représente l'investissement dans les réseaux à très haut débit", Offrir aux clients respectifs la meilleure couverture géographique et la meilleure qualité de service".

Chaque opérateur conserverait son autonomie en matière d'innovation et une indépendance commerciale totale.

Des négociations sous surveillance :

L'accord sera soumis préalablement à l'avis des instances représentatives du personnel des deux sociétés et à l'examen de l'Autorité de la concurrence et de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP).

A noter toutefois qu’il faut composer avec les autorités de tutelles toujours susceptibles de s'opposer à un tel accord entre Bouygues Telecom et SFR.

Le directeur général de SFR, et le PDG de Bouygues Telecom ont rencontré le président du régulateur des télécoms (Arcep) et son homologue à l'Autorité de la concurrence hier matin .Déjà , début mars, Bruno Lasserre, le responsable de la concurrence, avait averti : « Le partage de réseau conduit nécessairement les partenaires à échanger des informations »

Il semble ainsi qu’aucune mutualisation de réseaux n'est envisageable dans les zones denses. SFR et Bouygues Telecom devront en tenir compte.

(1)Filiale à 100 % de Vivendi, SFR compte près de 21 millions de clients mobiles, dont près de 17 millions d'abonnés, et plus de 5 millions de foyers abonnés à l'Internet haut débit.

Bouygues Telecom compte 11,3 millions de clients mobiles et 1,9 million de clients pour le haut débit fixe. Il déploie un réseau national 4G, avec l’ objectif de couvrir 40 % de la population française au 1er octobre 2013.