Un peu plus de trois ans après l'annonce d'une première expérimentation, Google passe désormais à l'offensive dans l'Internet très haut débit aux USA.

Le mois dernier, Google a annoncé que 34 nouvelles villes américaines pourraient être raccordées à son réseau de fibre optique, «Google Fiber », avec un accès 100 fois plus rapide que les accès traditionnels par le câble.

Pour le moment, le service n'est disponible que dans la région de Kansas City, et dans la ville de Provo, dans l'Utah. Il est en cours de déploiement à Austin, capitale du Texas et qui constitue un des principaux pôles high-tech aux Etats-Unis.

La prochaine phase d'expansion concernera notamment les districts d'Atlanta, San Jose (la Silicon Valley !), Phoenix, Portland, San Antonio et Charlotte.

Avec ces 34 villes connectées, Google Fiber serait alors accessible à environ 3,5 millions de foyers américains. Soit à peine 3% du total !

Le coût des travaux  est très élevé: environ  2 à 3 milliards de dollars.

Pour raccorder l’ensemble des USA : au moins 140 milliards de dollars, selon la banque Goldman.

Cela représenterait  plus d'un tiers de la capitalisation boursière de la société ! Pourquoi de tels investissements ?

Mais quelles sont donc les véritables ambitions de Google, ses motivations : Qu’est ce qui justifie l'offensive du moteur de recherche dans l'Internet très haut débit ?

Google Fiberest une tentative de Google de bâtir une nouvelle activité profitable selon les analystes de Bernstein Research. Google pense à long terme, Fiber pourrait devenir une activité significative pour Google en étant accessible à 40 millions de foyers d'ici à 2020, avec un chiffre d'affaires annuel de 20 milliards de dollars.

Cela pourrait provoquer de fortes  turbulences pour les opérateurs en place.

Il semble qu’une forte  demande existe. Les municipalités se pressent  auprès de Google pour être les prochaines sur la liste des zones desservies; elles sont d’ailleurs prêtes à prendre en charge une partie des coûts de construction.

Chercher à sonder la clientèle

L'essentiel des services de Google sont gratuits, mais sont financés par la publicité.

Son activité repose sur sa capacité à connaître les centres d’intérêt des internautes afin de cibler les publicités qu'il affiche.

Même si  Google assure que cela ne fait pas partie de ses plans, en étant fournisseur d'accès, le moteur de recherche aurait alors la possibilité d'en savoir encore plus sur les habitudes et les intérêts de ses clients.

L’internet haut débit développe les usages

L’un des responsables de Fiber chez Google explique « On fait plus de choses sur Internet quand on a un accès rapide. Les utilisateurs sont moins actifs quand la vitesse est lente ».

Or, le niveau de chiffre d'affaires de Google est lié au niveau d'activité des internautes: plus ils surfent sur le web, plus Google peut vendre de la publicité.

C'est sur ce même principe que repose Android, son système d'exploitation mobile mis gratuitement à disposition des fabricants de smartphones et de tablettes.

Fiber propose par ailleurs un accès gratuit, avec une vitesse de connexion de 5Mbps avec un apport de 300 dollars pour financer la construction de la ligne.

Grace à cette option, Google pense toucher un public qui ne peut payer un abonnement chez un câblo-opérateur.

Or 22% des foyers américains ne sont pas encore raccordés à un réseau haut débit.

C’est autant de cibles potentielles pour les annonceurs.

L’énorme marché de la publicité télé.

La vitesse moyenne de connexion aux Etats-Unis est légèrement inférieure à 10Mbps. Google promet une connexion à 1Gbps  soit 1.024 Mbps.

Avec un abonnement  pas plus cher que les offres en vigueur  des câblo-opérateurs (70 dollars par mois pour Internet et 120 dollars pour 200 chaînes de télévision), Google peut faire des merveilles.

L’essor de l'Internet très haut débit serait bénéfique pour Google en lui permettant  de prendre pied sur le gigantesque marché de la publicité télévisée aux Etats-Unis (plus de 70 milliards de dollars)

Google pourrait ainsi  diffuser des spots de publicité directement sur la télévision, avec par exemple sur un service de vidéo à la demande.