Un net à deux vitesses ? L’incidence pour les internautes «de base».

Frédéric Hourdeau

News

le 04/05/2014 à 22h30

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Payer pour « aller plus vite »! : Selon  les informations du Wall Street Journal, le gendarme américain des télécoms serait désormais favorable à de nouvelles règles; celles-ci autoriseraient les fournisseurs d'accès à Internet à monnayer un accès plus rapide pour certains sites.

Selon le site MASHABLE, cela signifierait que « des sociétés pourront désormais négocier, individuellement, avec des fournisseurs de contenu et les faire payer pour délivrer leur contenu plus rapidement auprès des consommateurs américains ».

Des sites comme Amazon ou eBay pourraient, par exemple, payer pour que leurs sites se chargent plus vite que ceux de leurs concurrents sur les ordinateurs des internautes.

En clair, …. seuls les plus riches pourraient offrir un meilleur service à leurs clients ?

Le débat opérateurs /sites :

Pour l'autorité américaine des télécoms, cette décision permettrait de trancher le débat qui oppose depuis des années,

-         d’un côté les opérateurs (comme par ex Orange ou SFR en France) chargés des tuyaux du réseau

-         et de l’autre les sites Internet (comme Google) qui déversent du contenu dans ces mêmes tuyaux.

Or lorsque les premiers réclament de l'argent aux seconds, en invoquant le fait que leurs « tuyaux » sont embouteillés par la masse d'informations toujours plus considérable, les seconds répondent qu'il est du rôle de l'opérateur d'assurer ce travail de maintenance.

ð Car sans contenu, disent-ils, personne ne paierait un abonnement à Internet, pour le simple plaisir d'avoir un modem !

Selon The New York Times, « ceci revient à mettre à mort le concept même de neutralité du Net, avec l'égalité de traitement pour tous les contenus sur Internet, d'où qu'ils viennent, où qu'ils aillent, et quelle qu'en soit leur nature ».

Le site de la chaîne américaine CNN, évoque  de son côté la fin de la neutralité du Net également sur les mobiles, « puisque les sociétés qui paieraient obtiendraient, en échange, que la consultation de leurs sites ou l'utilisation de leurs services ne soit pas décomptés du nombre total de Gigas inclus dans le forfait mensuel de chaque abonné ».

Le gendarme des télécoms, quant à lui, se défend de toutes ces accusations; il rappelle que « ces propositions doivent encore être discutées ».

Le site MASHABLE précise, par ailleurs, que les fournisseurs d’accès devront, parallèlement aux contrats préférentiels qu'ils pourront nouer, assurer un niveau de service de base.

Ceci ne suffit pas à rassurer les défenseurs du principe de neutralité, pour qui cette décision reviendrait à favoriser « les plus gros » de la toile et donc à entraver par ailleurs l'arrivée de potentiels successeurs des Google,Facebook…

Selon toujours The New York Times, cette pratique est par ailleurs susceptible également de reconfigurer profondément la façon dont le contenu sur Internet est délivré aux consommateurs :

Par exemple, si une société de jeux vidéo ne peut pas offrir un service plus rapide aux joueurs, alors ses clients perdront tout  intérêt et son produit périclitera.

Pour le moment, l'Europe, elle, reste épargnée par cette question.

Début avril, souligne le magazine SLATE, les défenseurs de la neutralité se sont réjouis d'un vote, au Parlement européen, plutôt favorable à une protection renforcée du principe.

Mais la partie est loin d'être jouée car le texte doit encore subir les détours d'un long processus législatif. Avec tous les aléas !

Or l'un des points crucial du texte qui, une fois adopté, devra s'imposer à tous les pays de l'Union, est précisément le débat qui secoue actuellement les Etats-Unis: à savoir la discrimination des flux qui circulent sur Internet, par l'aménagement de services spécialisés !