Elle souligne plusieurs risques inhérents à leur détention et leur utilisation.

Après la Banque de France, l’Autorité bancaire européenne (EBA) met en garde les détenteurs des monnaies électroniques "virtuelles", comme le bitcoin

Selon cette autorité de régulation de l'Union européenne « les utilisateurs ne sont pas protégés lorsqu'ils utilisent ces monnaies ».

Les risques de perte et de piratage

Ainsi, les détenteurs d'un « porte-monnaie numérique » stocké sur leurs ordinateurs ou leur smartphone risquent la perte de leur avoir en bitcoin, en cas de perte de leurs clés numériques d'accès ou en cas de piratage.

L'autorité bancaire européenne souligne qu'il n'y a aucune possibilité légale de récupérer son argent lorsqu’on  achète des monnaies virtuelles sur des plates-formes d'échange qui ont fait faillite ou ont été piratées.

Elle attire l’attention sur le fait que des consommateurs ont perdu définitivement des sommes importantes de monnaie détenues par ces plates-formes.

Les risques de forte volatilité du cours des monnaies "virtuelles"

Elle alerte aussi sur la forte volatilité de la valeur d'une monnaie virtuelle. Dépourvue de garantie de stabilité de leur valeur, son cours varie fortement, ce qui pose problème si on les utilise comme moyen de paiement, souligne l'EBA.

Les usages frauduleux

Enfin, celle-ci souligne que l'anonymat des détenteurs de monnaie virtuelle sert souvent  de couverture à des activités illicites. En cas d'enquêtes judiciaires sur des plates-formes d'échange impliquées dans ces transactions délictueuses, celles-ci peuvent être fermées, empêchant les autres détenteurs d'avoir de récupérer leur argent.

Ces avertissements du monde de la régulation financière viennent s’ajouter  à la mise en garde récemment publiée par la Banque de France.

La Banque populaire de Chine a quant à elle récemment demandé aux institutions financières nationales de ne pas s'engager dans des échanges en bitcoins.

Cela risque de tempérer le vent d’euphorie qui soufflait  dans le milieu des chauds partisans de cette monnaie virtuelle qui a connu une progression fulgurante mais qui commence à connaître des soubresauts inquiétants.

Une monnaie virtuelle tout aussi spéculative

Ainsi, lundi dernier, le cours du Bitcoin est tombé sous les 900 dollars suite à l’annonce faite par Baidu. Ce moteur de recherche chinois a suspendu l’acception de la monnaie virtuelle en réponse aux avertissements concernant la devise à Pékin.

 Le prix du Bitcoin reste malgré tout à des sommets vertigineux.

 Il a même dépassé temporairement le cours de l’or la semaine dernière en atteignant près de 1.250 dollars alors qu’un bitcoin valait moins de 15 dollars en janvier dernier.

 Comment expliquer un tel succès depuis son lancement en 2009 ?

Comme l’explique Bitcoin sur son site, le fonctionnement de cette monnaie est public et ne dépend d’aucune autorité centrale.

Les unités de bitcoins, générées par un algorithme informatique, sont attribuées aléatoirement aux ordinateurs qui y participent.La monnaie peut ainsi être utilisée pour des paiements, réduire les frais de transactions bancaires ou être échangée contre de l’or, des euros, des dollars, etc.

Au total, le système est prévu pour émettre 21 millions de bitcoins jusqu’aux alentours de 2040.

Lors de sa première cotation en avril 2010, un Bitcoin valait 0,3 euros. La monnaie a gagné en popularité et a été utilisée par plusieurs sites, entreprises et universités.

En novembre 2012, la plateforme de blogs Wordpress est le premier site à accepter les paiements en bitcoins.

C’est à partir de 2013 que les variations de cours deviennent erratiques. En quelques semaines le bitcoin passe de 47 à 230 dollars avec en fond de scène la crise économique à Chypre.

La monnaie devient alors, une véritable valeur refuge comparable à l’or.

La virtualité de la devise et  surtout son aspect entièrement  détaché de tout moyen de contrôle étatique favorisent les fortes variations du cours de cette devise virtuelle par rapport aux monnaies traditionnelles.

En Octobre dernier le Bitcoin va connaitre une envolée fulgurante passant de 123 à plus de 1 000 dollars lors de la fermeture de Silk Road, le « fameux » site de vente de produits illicites.

On rappellera que pour échapper aux contrôles gouvernementaux, Silk Road fonctionnait uniquement avec de la monnaie virtuelle. La fermeture de ce site va permettre de montrer que Bitcoin n’est pas la devise uniquement (au moins !) utilisée par les trafiquants ; tout au moins également par les spéculateurs des pays émergents ?

Ainsi, dernièrement, la spéculation sur Bitcoin semble alimentée par les investisseurs chinois qui subissent, en autres, d’importantes restrictions sur les achats immobiliers.

Ces derniers utilisent en masse la devise virtuelle. BTC China est d’ailleurs la plus importante plateforme d’échange de bitcoins dans le monde avec un volume de transactions de 1,8 million d’unités en novembre dernier.

Malgré les dernières mises en garde de Pékin, les investisseurs chinois renforcent ainsi volatilité des cours.

Aussi la Banque centrale chinoise a coupé court aux velléités des spéculateurs locaux en interdisant aux établissements financiers toute transaction en bitcoins.

La banque a déclaré que la devise électronique n’avait pas de cours légal ni même le statut légal qu’ont les monnaies fiduciaires.

En conclusion…

Lancée en pleine crise financière, la monnaie Bitcoin s’est révélée être un une innovation technologique originale et potentiellement utile.

Cette devise électronique est-t-elle la monnaie du futur ? Va-t-elle, au contraire, terminer sa carrière comme e-Gold ou Liberty Reserve, d’autres monnaies virtuelles qui n’ont pas survécu ?

La pérennité des bitcoins reste incertaine.

Si l’idée première du créateur de Bitcoin, à savoir, proposer un système de monnaie indépendant des institutions financières et de toutes politiques, était séduisante, certaines dérives hypothèquent quelque peu son avenir après les alertes assez explicites des autorités bancaires gouvernementales qui, contrairement à l’euro ne feront bien évidemment rien pour sauver cette monnaie en cas de crise imminente.