L'IUT informatique de Maubeuge a lancé une licence professionnelle « CDAISI ». Soit : « Collaborateur pour la défense des anti-intrusions des systèmes informatiques ».

Ils sont 22 dans cette première promotion  qui apprendront l'ensemble des méthodes des pirates, mais aussi la mise en place de contre-mesures pour protéger les systèmes.

C’est une première en France. On la doit à l’initiative d’enseignants passionnés et persévérants comme Franck Ebel (1) et plusieurs de ses  amis.

De la persévérance il en faut dans cette contrée aux confins de la Belgique et durement touchée depuis des années par la crise qui a décimée la sidérurgie et la métallurgie comme dans le valenciennois voisin.

En 2007, Franck Ebel dépose au ministère de l’Enseignement supérieur un dossier de création de licence professionnelle  baptisée «Ethical Hacking». Il essuie un refus hautain des autorités universitaires. Il ne se décourage pourtant pas : «Nous avons eu plus d’une quarantaine de lettres d’intention d’entreprises  lorsque nous avons  décidé de créer cette formation qui a commencé à attirer l’attention des professionnels » indique l’enseignant.

L’année suivante donc, il récidive en changeant l’intitulé de son projet. Ce sera  désormais « CDAISI », pour «Collaborateur pour la défense et l’anti-intrusion des systèmes informatiques».

Les objectifs de cette formation :

«Fournir aux étudiants les compétences techniques et organisationnelles nécessaires à la réalisation d’audits de sécurité et de sécurisation de systèmes informatiques d’entreprises.»

Le ministère donnera  cette fois son aval et  la licence  (Bac +3) ouvre donc en septembre 2009, avec quarante candidatures d’étudiants à bac + 2 pour 26 places.

Hackers et pirates : à ne pas confondre !

Le hacker ici c’est le «  gentil » contre le « méchant » à savoir  le pirate.

Parfois, la différence entre les deux est assez mince : « On a souvent tendance à confondre les deux, à les mettre dans le même sac. Or, ils n'ont pas du tout la même démarche ! » indique Franck Ebel, responsable pédagogique de la nouvelle licence.

 L’objectif : la protection des sites Internet, mais aussi de réseaux et de logiciels mal programmés.

Découvrir les failles donc et, dans l'hypothèse où le piratage est réussi, rechercher  des techniques de riposte.

Rien donc que de plus moral !

Le pirate, de son côté cherche par exemple à détourner des ordinateurs pour attaquer des banques ou récupérer des numéros de cartes bancaires.

Avant de protéger un système, il faut identifier la ou les failles par lesquelles tente d'entrer le pirate.

D'où l'importance de procéder à un audit, c'est-à-dire qu'on teste un système en lui lançant des attaques.

Cela fait justement partie des enseignements dispensés dans le cadre de cette licence.

Toute la difficulté est de suivre attentivement l'évolution des stratagèmes utilisés par les pirates, d'où un recyclage permanent des savoirs dans ce domaine.

Une première en France !

Il n'existait dans l'Hexagone aucune formation de ce genre avant la création de cette licence dont on a pu mesurer les difficultés rencontrées pour la mise en œuvre.

Ceci montre, selon Franck Ebel, incontestablement le signe du retard de la France dans ce domaine :

 « Jusqu'à présent, la tendance consiste à dissimuler un piratage en parlant d'une erreur commise par l'administrateur du site ou du réseau. Les pays anglo-saxons ont déjà largement pris conscience du problème ».

Le développement de l’intelligence économique

Pourtant, la sécurisation des systèmes informatiques est une question de plus en plus évoquée, y compris dans les dossiers d'intelligence économique : « Cette spécialisation est en train d'exploser, par exemple, au niveau du consulting ».

Les étudiants n’auront donc pas de souci à se faire pour la recherche de débouchés.

C’est d'ailleurs, toute la raison d'être de cette nouvelle formation notamment pour les jeunes talents de cette région qui connait de lourds handicaps mais aussi pour les jeunes passionnés venus d’ailleurs.

(1) Franck Ebel, c’est à souligner,  est par ailleurs commandant de gendarmerie, assermenté par le ministère de la Défense. On notera d’ailleurs que la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) surveille la formation et ses étudiants.

Un avocat spécialisé en droit du Web et en propriété intellectuelle dispense également un cours sur les risques juridiques.